Chapitre IV Parcourir le chemin
Depuis la nuit dernière, une légère bruine tombait sur le quartier d'Asuka et n'avait toujours pas cessé. De vieux cèdres cachaient la lumière du soleil même à midi obscurcissant Amakashinooka. Niché sur la colline depuis l'ère Tenbyo il y a plusieurs siècles, la roche semblable à un singe fixait le ciel de ses yeux prenant la moitié de son visage.
La pluie tombant devant la statue se teinta de rouge et vacillait alors que le vent était calme. Finalement, l'aurore commença à vaciller entre deux arbres couverts de mousses. Cet étrange phénomène avait été appelé Ayakashi par les habitants de Yamato, un dérivé du nom de la montagne. Selon la légende, toute personne se servant de Ayakashi disparaissait à jamais.
La densité de l'aurore augmenta graduellement et émit un festival de lumière sur cette sombre montagne. Et tout d'un coup, le vent gronda, bouleversant la pluie ainsi que l'aurore commençant à vaciller. Deux silhouettes apparurent dans les airs. Quelques instants plus tard, elles se matérialisèrent et tombèrent dans les broussailles. Après cette matérialisation, l'aurore commença à se réduire puis disparut. La bruine recouvrit alors toute trace comme si rien de tout cela ne s'était passé.
Les dieux de la mythologie japonaise en contrôlant l'aurore à Amakashinooka étaient capable de se déplacer librement sur Terre. Pour sauver ces deux personnes des griffes de Loki, Izanami aurait sûrement utilisé ce pouvoir.
Malgré la couverture des arbres, Nakajima fut subitement réveillé par la bruine sur sa joue. De là où il se trouvait, il voyait Yumiko gisant à moitié nue comme enterrée dans les fougères.
« Shirasagi... »
Nakajima tenait fermement les bras de Yumiko. Il y avait une certaine chaleur.
« On dirait qu'on a tous les deux été sauvés. »
Nakajima se releva lentement en s'asseyant et regarda alentour. Il semblait que la forêt les encerclait complètement.
« Où sommes-nous donc ? »
La mémoire commença lentement à lui revenir. L'aperçu du monde à travers l'aurore semblait être un tranquille paysage rural. Mais désormais ils se trouvaient tous deux dans une forêt avec pour seul bruit environnant la bruine qui tombait encore. Les paupières de Yumiko tremblaient légèrement sous l'effet des gouttelettes d'eau coulant le long des feuilles d'un cèdre. D'où auraient pu sortir ces pouvoirs surnaturels que la jeune beauté avait révélés lors de la nuit du démon ?
Nakajima caressa délicatement la joue de Yumiko. De l'eau brillait sur ses doigts. C'est froid. La pluie avait fait chuter la température. Nakajima enleva délicatement l'écorce mouillée de la peau de Yumiko puis essaya de la soulever. C'est alors que posant délicatement la main sur son épaule blanche, Nakajima s'arrêta d'un coup sentant un liquide collant. Sa main était couverte de sang sec rouge foncé.
« Pour moi... »
Nakajima détourna le regard par réflexe. De l'épaule à la taille, le dos blanc de Yumiko avait été déchiqueté jusqu'aux os. Nakajima ne put retenir ce poids dans sa poitrine alors que ses larmes coulaient.
« Yumiko... »
La parole de Nakajima fut interrompue par celle de Yumiko.
« Pourquoi est-ce arrivé... »
La dureté de Yumiko était émouvante. Elle le regardait droit dans les yeux avec honnêteté.
« Désolée. »
Les lèvres de Yumiko semblaient trembloter.
« … »
Nakajima n'arrivait pas à comprendre la raison de ses paroles.
« Désolée, Nakajima. Je vais bientôt mourir. Ce qui compte est de savoir si tu veux vraiment me ramener.
- Que dis-tu ? On ne meurt pas aussi facilement, n'est-ce pas ?
- Si, Izanami me l'a clairement dit dans l'aurore. Si tu souhaites réellement me ramener, alors emporte mon corps dans le tombeau où elle sommeille profondément. Alors je pourrai revenir vivre parmi vous. »
Dans les yeux de Yumiko, on voyait la profonde confiance qu'elle avait en ce souhait.
« Izanami... ?
- Oui. C'était également elle ce mystérieux pouvoir. Ce pouvoir qui nous a sauvés. »
Nakajima comprit pour la première fois la signification de l'hallucination qu'il avait déjà vécue plusieurs fois. Shirasagi Yumiko était la réincarnation de la déesse Izanami. C'était la seule explication à cette soudaine puissance et à cette téléportation.
Yumiko toussa fortement. Alors que sa gorge tremblait, son sang chaud se répandit sur les mains de Nakajima.
« À l'instar de Izanagi dans la mythologie, vas-tu m'abandonner au beau milieu du chemin ? »
Son visage pâle souriait. Écartant ses cheveux mouillées d'une caresse alors qu'elle s'endormait après avoir laisser échapper un dernier soupir, Nakajima sentit une force gigantesque au creux de ses mains. On aura toujours beaucoup de mal à être démonstratifs. Le cœur de Nakajima brûlait d'une détermination sans faille.
Une grenouille sauta hors des herbes du sous-bois et se mit à croasser. La bruine incessante avait rafraichi le corps de Yumiko que Nakajima enlaçait fermement. Comment pourrait-il la mener à la tombe d'Izanami puisqu'il ne savait même pas où il se trouvait en ce moment ? Ayant confortablement installé Yumiko, Nakajima prit son ordinateur de poche tombé à côté et tenta de l'allumer. Il semblait heureusement fonctionner à la perfection.
« J'espère au moins pouvoir invoquer Cerberus. »
Il entra la commande en priant de toutes ses forces. Lorsqu'une brume blanche apparut devant l'écran noir, Nakajima lâcha un profond soupir de soulagement. Rugissant à gorge déployée, la bête digitale regarda son maître avec des flammes dans les yeux. Néanmoins, les cicatrices que les tentacules de Loki l'empoignant lui avait laissées ternissaient sa splendeur. Cela n'était rien au cœur d'un tel paysage.
Pour que de telles blessures soient entièrement guéries, il faudrait au moins plusieurs mois. En revanche, la méthode consistant à réparer les données endommagées, constituant de la bête digitale, était bien plus rapide. Mais ce genre de travail ne se fait pas en un ou deux jours et le temps pressait.
Caressant Cerberus pour lui redonner du courage, Nakajima mit Yumiko sur son dos. Très vite le cadavre de Yumiko commença à laisser échapper une putride odeur de mort.
Après une dizaine de minutes à marcher avec l'animal, les arbres disparurent. Au-delà de la pente abrupte couverte de kumazasa, on pouvait voir le village vacillant sous la bruine. Juste en face d'eux se trouvait un énorme tombeau de pierre, et derrière, des montagnes émettant une aura verte foncé.
C'est Ishibutai et Tounomine. Alors ça doit être Asuka ! Ce paysage éclaircit l'esprit de Nakajima. Soudain, les photos de livre d'histoire ancienne et les livres lus et relus sur cet endroit apparaissaient identiques à la réalité. Nakajima regarda brièvement tout le paysage offert par Asuka comme une encre chinoise puis scruta la brume avec des yeux perçants. Comme pour lui confirmer, la bête démoniaque laissa échapper un petit rugissement.
« J'ai compris, Cerberus. »
Prenant une profonde respiration, Nakajima serra le poing droit et poussa son poignet sur un des crocs saillant de la bête. Un instant, il perdit toute sensation dans les doigts et sa paume se tacha de sang. Nakajima se servit de son sang pour tracer un cercle d'environ un mètre de diamètre. C'était une magie spirituelle afin de trouver la tombe d'Izanami.
La pluie balayant le sang déforma le tracé. Même si Nakajima se rapprochait de l'anémie, il le retraçait patiemment. Bien qu'il était familier avec les théories magiques, il s'était toujours appuyé sur l'informatique et c'était donc sa première expérience en la matière. Toutefois, il n'y avait aucune hésitation sur son visage. Se mettant au centre du cercle, Nakajima murmura quelque chose.
« Espérons avoir une réponse de l'esprit d'Izanami. »
Il fit un signe des mains puis entra en méditation. Son lien profond avec Yumiko et la puissance spirituelle se dégageant de Amakashinooka lui permirent facilement d'entrer en transe. Nakajima se figura le lien entre son destin et celui de Yumiko comme un fil d'argent. Ce fil imaginé dans son esprit commença à briller de plus en plus. Et dans les profondeurs de sa méditation, des images réelles apparurent à Nakajima sur ce fil d'argent.
C'était une simulation en plusieurs dimensions. Se concentrant au plus haut point, de profondes rides se formèrent sur son visage. Finalement, il vit clairement dans le fil d'argent deux petites collines et des vignobles.
« Serait-ce la tombe d'Izanami ? »
Nakajima à genoux fut tiré de son état de transe et chercha des points de repaires dans la réalité de la vision qu'il avait eu.
« C'est ça ! C'est la tombe d'Izanami ! »
La voix de Nakajima était toute réjouie. Reliant la pierre et deux collines du relief de Amakashinooka on pouvait former un triangle équilatéral parfait.
Attirées par l'odeur de putréfaction, des mouches s'étaient rassemblées autour du cadavre de Yumiko.
« Allons-y, Cerberus ! »
Nakajima chassa les mouches de la main, embrassa Yumiko puis remonta sur le dos de Cerberus.
Pendant ce temps au lycée Jûshô quelqu'un s'affairait dans la salle de CAI en ruine. Vers l'ordinateur hôte resté intact malgré tout, c'était Obara qui tentait d'entrer en contact avec Loki. Même après avoir pu s'incarner physiquement, le démon Loki préférait demeurer sous forme de données numériques afin d'économiser ses forces.
> Ce satané Nakajima a pu fuir jusqu'à Asuka ?
> Que dois-je faire ? Faut-il que j'envoie mes élèves après eux ou pas ?
> Non, j'irai moi-même.
La voix de Loki est pleine de détermination. Ayant reçu cette contre-attaque inattendue, Loki blessé, avait des agents sortis de l'enfer sur le terrain pour retrouver leur trace. Des mouches. Ces créatures font partie des rares capables de voyager librement entre les enfers (ou Makai) et le monde Assiah. Loki avait non seulement la capacité de parler avec les mouches mais également de ressentir tout ce qu'elles expérimentaient. Pour l'heure, Loki avait reçu un rapport sur l'émergence dans le monde Assiah de Nakajima en plein Asuka.
> Alors...
Obara entrait des commandes dans l'ordinateur. Sortis de la base de données de Nakajima, des numéros de téléphone de banques du Kansai apparurent directement sur l'écran. Obara fit défilé l'écran en comparant les numéros avec une carte du Japon.
> Je vous recommanderais la Dai-Ichi Kangyo Bank dans la ville de Sakurai.
> Bien. Allons-y.
Alors que les bandes magnétiques se mettaient à tourner dans un bruit horrible, l'écran défilait de vives couleurs. Réglant le modem, Obara entrait avec beaucoup de précaution chaque chiffre du numéro de la Dai-Ichi Kangyo Bank pour s'assurer de ne pas faire d'erreurs.
Les randonneurs se précipitaient sur les graviers qui déferlaient donc avec eux. Les touristes avaient une triste mine en voyant l'arrivée de la pluie. Cerberus qui transportait sur son dos Nakajima tenant fermement Yumiko fonçait sur les collines comme le vent. La bête qui paraissait enflammée frappait le sol avec la souplesse d'un tigre. Bien que ses blessures atténuent la puissance qu'il dégageait, il conservait un aspect majestueux. Mais cette scène était si irréelle qu'elle n'attirait pas l'attention des randonneurs.
« Qu'est-ce que c'était à l'instant ? »
« Ils doivent tourner un film ou quelque chose comme ça. »
Ces voix détendues disparaissait au loin derrière Nakajima. Cerberus arriva enfin à la tombe dont Nakajima avait eu la vision. Nakajima ne savait pas que cette colline de deux cents mètres était un Kofun appelé le mont Shirasagi. Ce Kofun était d'une taille imposante et entouré de mystère. On ne connaissait ni sa date de construction ni la personne enterrée et on ignorait également si c'était un Zenpokoen-fun (Kofun en forme de serrure) artificiel ou bien si on s'était servi de la forme naturelle de la colline. Cependant, la légende disait qu'une femme s'y trouvait enterrée ; ceux qui ont étudié GishiWajiDen prétendaient que ce serait la reine Himiko. La moitié de ce Kofun était cultivé comme un champ et il ne restait qu'une seule chambre de pierre couverte de pins et d'herbe d'été.
Au cours de la montée, Cerberus commençait à ralentir. Fuh, fuh. Sa respiration devenait difficile. Apercevant une partie de la chambre Cerberus s'arrêta enfin.
« Ça y est. »
Nakajima sauta de son dos. Comme si ses nerfs s'étaient finalement rompus, les pattes avant de Cerberus s'affaissèrent et il alla s'effondrer au sol. Il était impossible de savoir si c'était à cause des blessures infligées par Loki ou bien de quelque chose à l'intérieur du mont Shirasagi, mais Cerberus se trouvait incapable de faire un pas de plus, la langue pendue et le souffle court. Ses yeux avaient perdu toute leur flamme.
« Tu as été très bien. Tu peux te reposer maintenant, Cerberus. »
Nakajima dut rappeler la bête digitale dans son ordinateur de poche.
À peu près au même moment, dans la branche de Sakurai de la Dai-Ichi Kangyo Bank, quatre employées saisissaient des données sur les transferts de la journée par lot en ligne via l'ordinateur hôte. Aucune des quatre n'avait besoin de regarder le clavier, elles regardaient alternativement l'écran et les chiffres à entrer.
« Encore, pourquoi est-ce toujours mon terminal qui ne fonctionne pas ? »
Alors qu'elle se levait de sa chaise, sa voix s'éleva également avec un ton irrité. Il s'agissait de Mita Yoshie. Elle était entré à la banque il y a deux ans et était assez intelligente même si de par son tempérament, elle s'emportait facilement. Sa tête aux cheveux courts scrutaient les écrans de ses collègues. Seul son ordinateur avait des ratés. Son écran était complètement noir et n'acceptait aucune entrée au clavier.
« Quand on transmet des données à l'hôte ça ne fait pas ça, n'est-ce pas ? »
Shimamura Yûko qui était à l'opposé complet de Yoshie autant au niveau du caractère que du physique, avait tourné les yeux vers son écran. Yûko avait un an de plus d'ancienneté que Yoshie.
« Alors ce n'est que moi ? »
Yoshie se tourna et leva le menton peu satisfaite.
« Bon, on n'y peut rien. Je vais aller me faire du thé. »
Alors qu'elle s'éloignait, une brume bleue commença à se condenser sur son écran. Dans la pièce, une odeur âcre comme du musc commença à se diffuser subtilement, mais absorbées dans leur travail, personne ne la remarqua. Une substance gélatineuse apparaissait de la brume derrière le siège qu'occupait tantôt Yoshie.
Fatiguée de taper, Yûko étira ses bras vers le plafond. Soudain, un corps gélatineux s'étendit sur sa gorge blanche.
« Yoshie, arrête tes blagues. »
Yûko se tournant, ses yeux béants rencontrèrent le corps de bronze de Loki. Son cri fut étouffé par la fascination de cette beauté mystérieuse. Les tentacules du démon étaient pleines de puissance. Crush, le crâne de Yûko fut écrasé dans un bruit horrible.
« Aah... »
Les employées s'étant retournées après ce bruit virent à partir du cou de Yûko un tas de chair immonde. Les deux femmes continuaient à entrer des nombres incohérents de leurs mains tremblantes. Leurs yeux grand ouverts étaient captivés par le sourire étrange de Loki. Shu, shu, les tentacules se répandant les attirèrent dans le mucus où leur uniforme commença à fondre totalement.
Un bruit de céramique se brisant résonna dans la pièce. Yoshie apparut avec un plateau de thé devant cette scène de désolation incroyable. Les tentacules de Loki la saisirent à la poitrine. Une vive chaleur produite par la viscosité se propagea en elle, mais l'instant d'après, ce fut une vive douleur alors que du sang s'échappait de sa peau déchirée.
« Que se passe-t-il ! »
Ayant entendu des bruits étranges, un employé tenant des factures ouvrit la porte. Loki envoya sans pitié la tête arrachée de Yoshie dans son buste.
« Guh. »
Le cou de Yoshie profondément enfoncé dans ses côtes, l'homme avait été soufflé violemment contre le mur. Une facture de dix mille yens était étalée au sol. Avec son peu de force, l'employé enclencha l'alarme du bout des doigts avant de s'effondrer. L'alarme résonna dans toute la banque. Dans toute cette agitation, le corps nu de Loki s'était tourné vers Asuka que ses yeux de jais fixait.
Cerberus avait déjà été renvoyé dans Makai (ou Atziluth), et Nakajima qui portait Yumiko se trouvait dans la chambre en pierre du mont Shirasagi. Mais après avoir poussé un buisson sur le côté pour regarder à l'intérieur, il ne put pas cacher la déception sur son visage. La chambre avait été creusée dans le sol et seule une ouverture d'environ un demi tatami (soit un carré de 90 cm de côté) y donnait. Mais la pièce elle-même ne devait pas excéder trois tatamis (180x540cm²). Nakajima dont le dos était courbé pouvait enfin se relever dans cette chambre. C'était une chambre d'entrée extrêmement petite pour un si gigantesque Kofun. Izanami reposait-elle vraiment ici ? Ses visions auraient été fausses ?
« Ne t'inquiète pas. Cette tombe doit avoir un mécanisme caché ! »
S'encourageant lui-même, Nakajima descendit au cœur du Kofun. L'air stagnant de la chambre était froid et humide. De même, les murs en basalte étaient humides. Nakajima posa délicatement Yumiko qu'il portait encore. Une grenouille qui le regardait avec curiosité depuis un coin sombre s'avança timidement. S'asseyant sur le sol, Nakajima entra en méditation. Il essayait d'entrer en contact avec Izanami.
Mais peut-être à cause de son impatience, aucun changement ne se produisit dans ses paysages imaginaires et il perdit près d'une heure inutilement. Son front était parcouru de profondes rides.
« Je ne ressens rien. Je devrais pourtant être plus près d'Izanami qu'avant. Izanami, répondez-moi. Vous voyez bien que je ne peux rien faire. »
Comme pour répondre à son murmure, la chambre se mit à trembler violemment.
« Quel est ce tremblement de terre ? »
Fermant les yeux, de la poussière tomba au sol et sur le dos de Nakajima qui avait les mains au sol. Toussant à cause de la poussière, il se rendit compte qu'il tenait le corps de Yumiko. Il ne semblait pas non plus dérangé par l'odeur de mort.
« Izanami, je vous en prie, répondez. Pour ramener Yumiko ! »
Nakajima récita plusieurs fois cette sorte d'incantation. Quand le tremblement de terre cessa enfin, la grenouille, comme pour dire quelque chose, se mit à croasser de plus en plus fort. Tout à coup, les yeux de Nakajima se mirent à briller dans sa direction. Le tremblement de terre avait ouvert un passage entre les pierres et la peinture rouge recouvrant leurs faces étaient pleinement visible. Nakajima ne savait pas qu'il s'agissait de sulfure de mercure, une protection contre le mal. S'en approchant, il sentit un courant d'air frais s'échapper de cette cassure rouge. Il mettait avec force ses doigts dans l'ouverture, les uns après les autres. L'une des pierres se détacha facilement et une entrée de la taille d'une personne. Cette cavité s'enfonçait au fond de la terre selon une pente douce.
Les ténèbres étaient totales. Mais Nakajima n'hésitait pas. Déchirant sa chemise pour attaché Yumiko et son ordinateur de poche à lui, Nakajima se coucha sur le ventre et mit les pieds dans la cavité. Le toucher agréable, comme du marbre poli, prouvait qu'elle avait été bâtie par l'homme. Se tenant fermement de ses membres pour ne pas glisser, il descendit prudemment dans les ténèbres.
Il se trouvait au sommet de Tounomine qui surplombait le mont Shirasagi. Loki avait quitté Dai-Ichi Kangyo Bank pour Tounomine dans la ville de Sakurai. En-dessous de lui, Asuka était bordé de rochers. Grondant vers le ciel, la bruine tombait sur le visage de Loki. Sa gorge se gonfla étrangement et ses lèvres de bronze frissonnèrent. Sa gorge émit des sons à haute fréquence que les gens normaux ne peuvent pas entendre. Mais ce son résonna sur tout Asuka et des points noirs de la taille d'un grain de riz volèrent vers Loki. C'étaient des mouches sorties des enfers. Elles effleurèrent le visage de Loki avec leurs pattes velues et allèrent dans ses canaux auditifs où chacune lui murmura ce qu'elle avait vu. Il hocha largement la tête.
« Bien, allez-y ! »
Après que le démon avait entendu toutes les informations nécessaires, les mouches retournèrent à leur poste d'observation. Caressant la blessure sur son front, Loki fixait le mont Shirasagi.
« Maudit Nakajima, qu'as-tu l'intention de faire là-bas ? »
Mais il ne faut pas penser que le démon ne poursuivait Nakajima que dans le seul but de se venger. Loki avait probablement peur que Nakajima ne s'associe avec d'autres démons. S'il maîtrisait la méthode de transfert numérique, il pourrait dominer le monde Assiah tout seul. Mais la même chose était aussi vraie pour les autres démons.
« Mais moi qui suis un Digital Devil, je ne te pardonnerai jamais. »
Pour empêcher la diffusion des technologies permettant aux autres démons de dominer le monde Assiah, il avait besoin du silence de Nakajima. Il devait avoir été presque achevé.
« Même cette femme est ici ! »
Mais elle ne pouvait pas avoir la puissance nécessaire pour blesser un démon. Elle était peut-être possédée par un démon ou un dieu.
« Qui que ce soit, je ne lui pardonnerai jamais et l'écraserai. »
Après avoir murmuré, Loki descendit abruptement de sa colline en direction du mont Shirasagi.
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